L'article ci-dessous est l'intégralité d'un article rédigé par Monsieur A.Raynaud, intendant du lycée Barthou en 1966. Cet article fut publié dans les pages de la revue Intendance Universitaire d'octobre 1966 et compte l'histoire de notre lycée de 1620 à 1966.
Reste à en écrire la suite...
Le Lycée Louis Barthou à Pau fait partie de cette longue liste d'établissements du second degré dont l'origine ne s'explique pas exclusivement par des préoccupations d'ordre scolaire ou universitaire.
Sa fondation, ou plutôt celle du Collège Royal dont il est l'héritier, répondait assurément davantage à des desseins politiques et religieux qu'à des soucis désintéressés d'éducation et d'enseignement.
Ceci se passait en 1620. Cette année là, le 20 octobre, Louis XIII se trouve à Pau où il est venu à la tête d'une petite expédition militaire. Le Béarn a le statut d'un petit Etat indépendant, politiquement séparé de la France. De surcroît, le protestantisme y règne. Cette situation ne satisfait pas le jeune souverain. Continuateur d'une longue tradition, il décide d'agir dans le sens de l'unité : le Béarn et.la Navarre sont annexés au royaume de France. D'autre part, la religion catholique est rétablie et le roi ordonne « la main levée aux ecclésiastiques de tous leurs biens et de tous leurs droits ».
Ce véritable coup de force devra s'accompagner d'autres mesures. Le catholicisme, minoritaire, doit, dans l'esprit du monarque regagner aussi rapidement et solidement que possible la faveur des populations paloises et environnantes. Qui, mieux que les Jésuites serait à même de contribuer à cette reconquête religieuse? Aussi bien Louis XIII prend-il la décision, sur les conseils de son confesseur Jésuite, le Père Arnoux, de créer un important collège à Pau. Dès 1622, des lettres patentes autorisèrent les Jésuites « à fonder, bâtir et rebâtir dans la Ville de Pau une maison et collège de leur ordre ».
La construction du Collège Royal
Assurés de la protection royale, dotés d'une rente annuelle de 12 000 livres, les Jésuites transfèrent à Pau leur résidence d'Oloron Sainte-Marie où toutes les vicissitudes ne leur ont pas été épargnées. Ils se mettent, derechef, à construire leur collège. Le Roi n'a pas lésiné : la dotation à prendre sur les domaines du Béarn est importante et pour conférer plus de lustre à la future Maison, Louis XIII a voulu qu'elle « puisse se prévaloir des mêmes honneurs et avantages dont jouissent les autres collèges de fondation et dotation royales ».
On ne fait pas appel pour autant à un architecte parisien. Dame ! Le pouvoir n'est pas encore suffisamment centralisé et l'on se déplace en diligence. Mais c'est une compétence célèbre, en la personne du Provincial de Guyenne, le Père Cotton, qui est chargée de l'édification du Collège.
Le bâtiment principal fera face à l'admirable panorama de la chaîne pyrénéenne et se situera en bordure sud des hauteurs qui dominent la vallée du Gave. Preuve encore que les problèmes d'aujourd’hui ne sont pas nouveaux : la première construction est bientôt délaissée au profit de bâtiments tout proches mais bien plus vastes qui, quelques années plus tard, sont à leur tour jugés insuffisants. L'Histoire ne faisant état ni d'une exceptionnelle poussée démographique, ni d'une quelconque explosion scolaire, la seule explication plausible est le succès rencontré par le Collège auprès des familles et des élèves.
Mais s'agrandir n'est — déjà ! — pas chose facile et les voisins n'ont aucune hâte de vendre. Un heureux hasard — si ce n'est la Providence —vient au secours des Jésuites. Une propriété contiguë au Collège se trouve opportunément vacante. La congrégation des Sœurs de Notre-Dame la quitte pour des raisons paradoxalement opposées : des difficultés de recrutement ! La distance que les filles de bonne famille ont à parcourir pour gagner leur Institution est, semble-t-il, excessive et comporte des risques. Les Sœurs vont s'installer dans un emplacement plus central. Les Jésuites font l'acquisition du domaine qui répond parfaitement à leurs besoins. Le recteur Pitard (le proviseur de l'époque) est autorisé à vendre l'ancien Collège et à bâtir de nouveau dans « le lieu très vaste et très commode à ce destiné ». Ainsi, le Collège Royal trouve-t-il son emplacement définitif.
Il ne reste que peu de traces du plan établi et son auteur est inconnu. Mais les épisodes de la construction comme, antérieurement, les déménagements successifs pour insuffisance de place, sont d'une affligeante actualité. Quel Proviseur, quel intendant ne se reconnaîtra pas derrière le Père Malescot, recteur du Collège, qui demande « avec obstination » une retouche au projet d'un lointain architecte afin d'obtenir une cage d'escalier plus spacieuse, une distribution plus rationnelle des locaux, cherchant ainsi à faire prévaloir le point de vue de l'usager ?
La phase de la construction se prolongea longuement.
Professeurs et élèves du Collège qui, des années durant, vécutes en maugréant au milieu des chantiers et des gravats : vos plaintes, vos impatiences ne nous sont pas inconnues. Elles retentissent encore souvent à nos oreilles. Qui n'en aurait jamais entendu ?
Il est des traditions qui, décidément, ont la peau dure.
Les travaux déjà en cours en 1639 s'échelonnèrent sur plus d'une décennie, mais on peut penser que les années 1640-41 virent la mise en service d'une partie de l'établissement. Date que l'on voulût mémorable et. que rappellent des chiffres de fer de très grosse dimension sur la façade sud et la façade nord du corps de logis principal.
De cet ensemble conçu en deux ailes parallèles est et ouest reliées par un important bâtiment au midi et au centre, ne subsistent actuellement que toute la partie méridionale et le pavillon nord-ouest. Témoin de ce que fut le Collège Royal, le bâtiment sud l'est assurément et il nous en fournit, extérieurement surtout, une image fort séduisante. L'harmonie de ses proportions, la noblesse de son allure, la sobriété de ses lignes en font un remarquable monument et sa pureté et son authenticité le classent parmi les plus beaux exemples du style Louis XIII dans le Sud-ouest de la France.
La vie au Collège Royal
Les Jésuites avaient poursuivi, comme les Rois de France et les paysans, une politique patiente et tenace d'agrandissement de leur domaine.
A côté des bâtiments vastes et commodes s'étendait un parc immense et magnifique, avec jardins et bosquets regardant au Midi les Pyrénées resplendissantes.
Mais la vie imposée aux élèves par les moines contrastait singulièrement avec la douceur et l'harmonie du cadre. Félicitons-nous qu'en ce domaine au moins, les traditions se soient perdues et qu'il n'y ait plus de points communs entre les conditions de vie et de travail d'un élève du Collège Royal et celles d'un potache actuel.
La journée était fort longue : la 'cloche du lever sonnait à 5 h 30 et le coucher avait lieu à 21 h. L'horaire était minuté d'une manière très rigoureuse et pas un instant la surveillance des « Préfets » ne se relâchait. Les études alternaient avec les exercices religieux et les récréations étaient brèves. Les sciences et les langues vivantes n'étaient pas enseignées et l'instruction religieuse occupait une grande partie de l'emploi du temps.
Les repas se déroulaient dans un silence total : du haut d'une monumentale chaire, un préfet lisait les Ecritures Saintes. Les menus de l'époque nous paraîtraient assez pauvres et manquant un peu de variété et d'équilibre : le petit déjeuner et le goûter consistaient invariablement en un morceau de pain sec. A midi revenaient chaque jour un potage, un bouilli, une entrée et un dessert, tandis que le diner comportait avec la même régularité une entrée, une viande et un dessert.
De sorties : point. Ni le jeudi dont le seul agrément consistait en une promenade, ni le dimanche consacré aux exercices religieux, ni aux jours de vacances, car, écrivait aux familles certain recteur : « il est essentiel au bon ordre d'un pensionnat et à l'avancement des élèves que Messieurs les parents ne les appellent point chez eux le temps des vacances ».
C'est donc à une vie austère, rude, monotone, disciplinée à l'extrême qu'étaient voués les élèves du Collège Royal. La noblesse et la grande bourgeoisie béarnaises devaient apprécier cet enseignement et ces méthodes, puisque aux veilles de la Révolution, le nombre des élèves ne cessait de croître.
Après les Jésuites
Les Jésuites furent, par arrêt du Parlement de Navarre et à la suite de l'abolition de leur ordre devenu un Etat dans l'Etat, exclus du Collège de Pau, en 1763. Ils avaient enseigné dans ce collège pendant plus de 120 ans. En le quittant, ils laissaient une maison délabrée et les finances de l'établissement dans le plus triste état.
La succession des Jésuites fut cause d'un conflit entre le Roi, désireux de confier l'établissement à la congrégation des Barnabites établis à Lescar et le Parlement de Navarre, partisan des Bénédictins. Le Roi, sans prendre parti pour ceux-ci ou ceux-là, décida en définitive que le Collège pourrait être confié soit à un ordre religieux, soit à des Séculiers. Trois ans après sa, fermeture, le Collège rouvrait ses portes le 1er novembre 1766, avec des maîtres envoyés de Paris et n'appartenant à aucune congrégation : parmi eux, des abbés et aussi des laïques. Mais la qualité de l'enseignement donné par ces professeurs, leur conduite, les dissensions profondes qui régnaient entre eux, la mauvaise gestion de l'établissement ne tardèrent pas à provoquer un déclin rapide, un discrédit grandissant et un mécontentement général. Le Roi informé et sollicité de toutes parts prit la décision de congédier les Séculiers.
Leur remplacement donna lieu, au sein des ordres religieux, parmi les notables et dans la population, à une lutte passionnée. La balance finit par pencher, selon la volonté de Louis XVI, du côté des Bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur.
L'intronisation des Bénédictins s'effectua en grande pompe, le 14 mars 1778 et la passation de service faite dans la meilleure règle donna matière à un procès verbal et à un inventaire si détaillés, si précis, assortis de tant de précautions et de réserves, qu'aucune mutation d'intendant n'en a sans doute jamais provoqué de pareils.
L'établissement rouvrit ses portes en novembre 1778. Personnel qualifié, méthodes éprouvées, organisation efficace, le nouveau Collège des Bénédictins est en mesure de remplir pleinement son rôle. Il le tient avec bonheur, mais très rapidement naissent de sérieuses difficultés financières. En dépit des précautions prises quand ils ont succédé aux Séculiers, les Bénédictins découvrent peu à peu la duperie dont ils sont les victimes : les revenus ont été démesurément surestimés et les lourdes dépenses auxquelles ils sont contraints augmentent sans cesse. Ils s'emploient de tous côtés et avec beaucoup de vigueur à accroitre leurs recettes et à réduire les charges. Leurs démêlés avec le Parlement et le Roi dureront jusqu'à la Révolution. Quand fut décrétée la Constitution Civile du Clergé, Ils prêtèrent serment et leur Recteur fut élu évêque « constitutionnel » des Basses-Pyrénées. Mais vint le flot révolutionnaire... et en 1793 il n'y avait plus de congrégation enseignante au Collège. La fermeture de l'établissement fut aussi la fin de l'Université créée par Louis XV, à Pau, en 1724. Depuis cette date fonctionnait dans l'aile nord-ouest du Collège une Université comportant d'abord une faculté des Arts et une faculté de Droit, puis une faculté de Théologie. L'Université instituée par un Edit Royal « perpétuel et irrévocable » vécut quelques soixante ans.
La Convention décréta que la Ville de Pau aurait une Ecole Centrale installée dans le ci-devant Collège Royal. Ouverte en 1797, cette école, comme celles de beaucoup d'autres départements, ne connut qu'un succès très restreint, malgré l'enthousiasme manifesté par la population paloise lors de son ouverture. Les Ecoles Centrales des départements, en général peu appréciées, furent supprimées en 1802 et comme telle, celle de Pau.
Le Lycée Impérial
C'est un Lycée — première apparition du terme — qui lui succéda et qui, en fait, n'ouvrit ses portes qu'en 1808. L'Administration Municipale, par ses initiatives, sa ténacité, ses libéralités, fut pour beaucoup dans l'inscription de Pau sur la liste des vingt villes qui devaient être dotées d'un Lycée. Elle contribua pour une énorme part aux dépenses de restauration, d'aménagement et d'équipement du nouvel établissement qui accueillait quelques années après deux cent cinquante pensionnaires. •
L'événement marquant de l'année de l'ouverture effective fut la visite de Napoléon. Près de cinquante ans plus tard, un Proviseur fait, dans son discours de distribution des prix, le récit suivant de cette visite :
« Le héros d'Austerlitz descendit de cheval à la porte de la cour d'honneur. Rangés, par une flatterie qui devait lui plaire, en ordre de bataille, les élèves l'attendaient dans cette cour. Il les passa en revue, en interrogea plusieurs, parcourut la maison, s'enquit de tout, ne dédaigna pas d'entrer dans les plus petits détails, et, comme aux bivouacs de ses immortelles campagnes, il voulut s'assurer par lui-même si la nourriture de ses enfants était bonne et bien préparée '.
La création de l'Université Impériale fit de Pau, en 1809, le chef-lieu d'une Académie qui comprenait les départements des Basses-Pyrénées, des Hautes-Pyrénées et des Landes. En même temps était créée une Faculté des Lettres dont les cours fonctionnaient au Lycée même. Si l'établissement avait été détourné de sa vocation quand s'y installa provisoirement une filature, en 1794, il la retrouvait pleinement puisqu'il donnait simultanément asile à un Lycée, à un Rectorat et à une Faculté. Le régime du Lycée Impérial avait un caractère militaire très accusé et reposait sur une stricte discipline. Ouvert au milieu des triomphes de l'Empire, il s'écroula avec lui et sa fermeture fut ordonnée quelques jours avant l'abdication de Fontainebleau.
La première Restauration ramena le Lycée à ses origines : il redevint Collège Royal et les internes troquèrent le chapeau à cornes pour le chapeau haute-forme, tandis que la cloche remplaçait le tambour. Ce Collège, toutefois, ne connut pas d'abord la même prospérité que le Lycée et ce n'est que vers 1835 qu'il recouvra un certain lustre et un nombre important d'élèves. En 1840, l'établissement avait regagné par la qualité de son enseignement, un rayonnement et un renom qui le faisaient citer comme « un des bons Collèges de France ». Victor Duruy, Ministre de l'Instruction Publique disait, plus de vingt ans après, en 1866, aux professeurs et aux élèves rassemblés autour de lui dans la Cour d'Honneur : « Je considère votre établissement comme un des plus intéressants Lycées de l'Empire »
Sous la troisième République, le Lycée de Pau connut une prospérité croissante et maintint fermement le prestige de sa longue histoire et de sa haute tradition.
Le Lycée Louis Barthou
A l'époque lointaine où les Jésuites fondèrent le Collège Royal, celui-ci occupait une situation relativement excentrique. En trois siècles et plus, les lieux ont changé de physionomie. Si le Lycée reste encore très aéré et s'il subsiste toujours dans le voisinage beaucoup d'espaces verts, les constructions de type moderne poussent alentour et surtout le domaine s'est rétréci : tous les régimes : royauté, empire, république, se sont employés à le grignoter et à le réduire. Dans ses limites actuelles et qu'on souhaite définitives, la superficie de l'établissement et sa situation en font à la fois un Lycée de ville et un Lycée de campagne et ce caractère n'est pas le moindre de ses attraits.
De très importants travaux rendus nécessaires par la vétusté des bâtiments ont été réalisés entre les années 1954-1965. Les édifices anciens furent rasés — constructions sud et nord-ouest exceptées — et un ensemble moderne les remplace : il comporte cinq bâtiments (bientôt six) à usage d'externat et d'internat. Les salles de classe sont claires, spacieuses, ensoleillées, d'accès bien étudié. L'internat est doté de cinq salles à manger très rationnelles, d'une cuisine bien équipée, de dortoirs de types différents, selon qu'ils reçoivent de petits ou de grands élèves, de salles d'hygiène et de cordonneries très pratiques. Un grand foyer accueille les élèves pour les jeux et les réunions à gros effectifs et deux salles permettent les jeux tranquilles, la lecture, les séances de radio et de télévision.
Au cours des cinq dernières années, le chantier s'est localisé dans le bâtiment sud : la façade a été ravalée en totalité et d'une manière très heureuse qui en exalte le style. Le grand couloir longitudinal a fait l'objet d'une restauration complète et divers locaux : hall d'honneur, parloir, salle d'accueil, salle des professeurs ont été rénovés avec hardiesse et aménagés en alliant le fonctionnel à l'esthétique. La Tour des Sciences, au nord-ouest, dont l'Histoire est si riche en métamorphoses internes, a semble-t-il, trouvé elle aussi une structure et une affectation durables, sinon définitives. Il est permis d'espérer qu'avec l'achèvement des travaux actuellement en cours pour remettre en état la bibliothèque générale et édifier le dernier bâtiment d'externat, le Lycée verra la fin d'une longue et difficile période de mutation et connaîtra pour un temps la félicité des établissements « intouchables ».
L'espace dont disposait l'établissement a permis, en sacrifiant une partie de l'ancien parc, de mettre en place un remarquable ensemble d'installations sportives comportant un terrain réglementaire de football et de rugby, une piste circulaire à cinq voies et de grandes surfaces de jeu pour le saut, les lancers et la pratique du basket, du volley, du hand-ball et, bien entendu, de la pelote basque. Un vaste gymnase complète les aménagements extérieurs : il comprend deux grandes salles dotées d'un équipement très complet et un bassin de natation. Des dégagements importants aèrent et individualisent ces implantations et le Lycée apparaît partout de l'intérieur, largement étalé, sans avoir rien sacrifié de son ouverture très vaste vers l'extérieur.
Un petit monde l'habite. Les effectifs croissent d'année en année et le cap des deux mille élèves sera bientôt atteint. Chaque rentrée amène un peu moins de bambins roses et potelés et un peu plus d'adolescents à la barbe naissante ou déjà fournie L'émulation joue à tous les niveaux et si, dans la cour, les « hauts comme des pommes » respectent les «Math Sup.», sur les pistes de Gourette et de Cauterets où l'on se retrouvera peut-être demain, les petits nargueront les grands et auront leur revanche.
Aux grands «traditionnels » se sont joints depuis octobre 1964, les élèves d'une classe préparatoire au Professorat d'Education Physique. Ils ne représentent pas que « l'aristocratie du muscle». Le programme de leur concours les astreint à un gros effort dans les disciplines intellectuelles et leur groupe, tout en vivant à part, s'est intégré sans grincement dans la vie de la Maison.
Faut-il préciser de la Maison Mère ? Car le lycée a vu — phénomène désormais banal — surgir, et avec quelle vitalité, des ramifications remuantes : l'une assez proche, à Billère, dans la
banlieue ouest de Pau, l'autre, plus lointaine, à Mourenx Ville Nouvelle. Cette dernière, à l'image
de l'agglomération et de son complexe industriel de Lacq a grandi si vite et s'est installée si bien qu'elle pourrait, dans un proche avenir, se détacher du tronc et jouir d'une précoce autonomie.
L'avenir ne pose pas de problème majeur au Lycée de Pau. Il pourra, au prix de quelques aménagements, faire face aux situations nouvelles nées de la Réforme et il restera vraisemblablement le pôle d'attraction de la jeunesse studieuse de la Ville et de la région. Tout au plus oserait-on exprimer un regret : l'établissement a, pourrait-on dire, le défaut de sa qualité. Chaque année, il voit partir vers les divers Instituts de l'enseignement supérieur : littéraire, scientifique, juridique, un nombre important de ses professeurs qui ne sont pas toujours numériquement et qualitativement remplacés.
Est-ce la rançon de la croissance et de l'épanouissement à Pau de l'enseignement supérieur et de l'accession de la capitale du Béarn au rang de ville de Faculté ?
Jusqu'en 1934, le Lycée de Pau n'avait pas reçu d'appellation patronymique. Non pas que beaucoup de ses anciens élèves ne se fussent illustrés dans l'Histoire de la France ou du Béarn. Un choix certes, eût été difficile... Mais survint un événement tragique et d'un retentissement international. Le 9 octobre 1934, à Marseille, le Roi de Yougoslavie tombait sous les balles d'un terroriste. A ses côtés, représentant le Gouvernement Français, se trouvait le Ministre des Affaires Etrangères, Louis Barthou. Le Ministre fut atteint et succomba à ses blessures. Louis Barthou était un Béarnais, natif d'Oloron et qui avait fait ses études secondaires au Lycée de Pau, dont il fut un très brillant élève. La ville de Pau, les Basses-Pyrénées, la France perdaient en cette circonstance un homme éminent et un grand serviteur.
La disparition de Louis Barthou fut douloureusement ressentie et unanimement regrettée. La Ville de Pau voulut rendre hommage au grand Commis de l'Etat, à l'écrivain resté toujours fidèle à sa province et mort au service de la France. Elle proposa au Ministre de l'Education Nationale que fut donné au Lycée le nom de Louis Barthou. Cette proposition reçut un agrément général. Le Lycée de Pau n'est plus désigné maintenant que sous ce patronyme. Louis Barthou, dont le buste remarquable de fidélité et de vie orne la Salle d'Honneur du Lycée, aimait la Jeunesse, le savoir et la France. Le Lycée de Pau perpétuera son souvenir.
A. Raynaud.
In Intendance universitaire, octobre 1966
« Que Monsieur Tucoo-Chaala, professeur à la Faculté de Lettres de Bordeaux, dont les études sur l’Histoire du Lycée ont beaucoup aidé à la rédaction de ce texte, trouve ici l’expression de nos plus vifs remerciements.» A.Raynaud